Au revoir

La vue de ma fenêtre va bientôt changer. Voici l'une des nouvelles possibilités.

La vue de ma fenêtre va bientôt changer. Voici l’une des nouvelles possibilités.

Encore un tournant dans les méandres d’une  vie : je suis sur le point de déménager vers les Philippines, bout d’océan pacifique parsemé de 7,107 îles plus ou moins, au gré des marées et de la montée des eaux.

Pendant mes plus de trente années passées ici en France mon pays de cœur j’ai parlé français, j’ai pensé français, j’ai rêvé français. Désormais il me faudra pratiquer de nouveau l’anglais et cette autre première langue officielle des Philippines qui s’appelle le philippin. Sans rentrer dans les technicités il faut savoir que le philippin est largement basé sur le tagalog, langue qui prend ses origines sur les berges du fleuve principal de Manille, capital historique du pays. Comme partout dans le monde les civilisations naissent près de grands cours d’eau. A son tour le tagalog est composé à 30% de mots d’origine espagnole. Avec des milliers d’îles il est presque logique d’avoir nos huit langues et  nos 80 dialectes. En arrivant aux Philippines je vais m’installer sur une île dont je ne connais pas la langue. C’est là que le philippin et l’anglais montreront leur utilité en tant que langues fédératrices de l’archipel.

Il m’a paru urgent de me remettre dans le bain linguistique philippin. Quelle meilleure manière que de fouiller dans YouTube.  La chance m’a sourit, je suis tombée sur un discours inaugural de l’actuel Président Aquino en philippin. Je me suis dit que si je mémorisais son discours alors ce serait bien. Mais, en continuant mes recherches j’ai trouvé des retransmissions des séances du Sénat des Philippines, en anglais et en philippin, à propos d’un scandale impliquant l’actuel Vice-Président. Un pays où la corruption est endémique tente de faire peau neuve, voilà ce qui est intéressant. J’ai eu l’impression d’être tombée sur un trésor en visionnant les séances. J’étais comme un enfant accroupi devant une petite pierre ronde polie sur une plage, et ma joie fût immense de reconnaître entre autres autour de la table ronde une de mes anciens  professeurs de mon alma mater l’Université des Philippines.

Je me régale de constater la rigueur, l’élégance, et l’éloquence des intervenants de cette auguste assemblée. Je déguste leurs paroles comme pour étancher une soif vieille de trente ans. Il y a cette économie de mots qui rappelle soudain lequel entre deux choisir.  Parfois les séances durent cinq heures. Je suis à chaque visionnage transportée par une machine magique vers ce milieu intellectuel de mes années de fac.  L’adresse verbale est un présent que j’apprécie comme une glace à la mangue sous un parasol géant.

Dans ce Sénat il y a une femme extraordinaire. Elle s’appelle Defensor de son nom de jeune fille. Miriam Defensor Santiago avait fait campagne autrefois pour la plus haute fonction et a perdue, comme elle dit, au comptage et non pas en suffrages.

Magistrat ultra diplômée, auteur de multiples livres de droit, elle ne compte plus les distinctions et siège désormais au tribunal international de la Haye. Son salaire d’avocat est une pitance, car de sources publiques. La fortune de son mari garantie cependant son indépendance. Mais c’est avant tout son impitoyable droiture et son intellect affûte comme un rasoir qui lui permettent de chasser  le mal et d’administrer la justice sans en exonérer les puissants.

Quel rapport avec ce blog sur l’agriculture naturelle ? Dans une société matriarcale comme les Philippines les hommes et les femmes ont des privilèges équivalents. Nul besoin d’instaurer une Journée de l’Homme comme il existe la journée de la femme en France. La Nature en soi ne connaît pas de distinctions et hommes et femmes jouent chacun son rôle sans se demander s’il faut s’habiller en jupe ou en pagne. Voilà qu’il y a trente ans j’atterris sur le sol français avec mes yeux neufs et découvre que les femmes ont ici des revendications. Trente ans après j’ouvre au hasard une séance du sénat philippin et je me rappelle qu’aux Philippines pendant mon absence ont été élues deux femmes à la plus haute fonction, dont la deuxième à deux mandats consécutifs.

A ce propos je vous livre une blague de notre Senator Miriam. Elle ponctue parfois ses interventions devant le Sénat et devant des rassemblements publiques d’anecdotes et de blagues. Les jeunes l’adorent.

« J’ai toujours su que la femme est supérieure à l’homme. Le livre de la Genèse raconte que le Créateur a façonné Adam avec un peu de glaise. Il a ensuite crée la femme en prenant une côte d’Adam. Conclusion : Adam est fait de boue et Eve de matière humaine. »

Il m’arrive de regarder les séances de l’Assemblée nationale les mercredis sur France 3.   Les différences d’avec les séances philippines sont grandes. Il me semble que les philippins parlent moins fort.  Ils attendent leur tour pour parler : la cacophonie est interdite et s’accompagne de sanctions. Les intervenants discourent en deux langues. Les hommes arborent parfois cet autre habit formel masculin qui est une chemise à manches longues en fibre naturelle d’ananas presque transparent, portée sur un t-shirt ou un marcel. Le textile fin peut être brodé sur le jabot ou tout le long de la fermeture boutonnée. D’autres hommes portent le plus conventionnel costume-cravate. Cet ensemble venu d’ailleurs est appelé familièrement un americano. L’habit quand il faut le porter n’est pas noir, c’est d’une sorte de velours pourpre.

Vais-je alors regretter la France ?

Oui je vais beaucoup regretter ce pays qui m’a élevée et m’a façonnée.

Je suis fière de vivre à la française. Le savoir-vivre français est unique au monde.

Je suis ultra fière du haut niveau d’études que la France m’a enseignée. Pour obtenir un DESS de la Sorbonne j’ai dû transpirer du sang et des larmes pendant cinq ans. Merci à mes professeurs.

Surtout je suis fière de ma citoyenneté française.  Je suis honorée d’être française.

Dans un monde idéal il ne devrait pas y avoir de frontières. Je m’apprête à retourner à ma terre natale. S’il n’existait pas de frontières je ne serais pas maintenant en train de repartir ou de retourner, car je serais partout chez moi. Où est le vrai chez moi ? Si l’on se base sur le nombre d’années passées quelque part  alors c’est ici en France. Je dois citer un périple de douze années au Grand Duché de Luxembourg, pays enchanteur au possible et ancien département français.

En réalité dans ma vie quotidienne je ne me pose jamais la question de savoir si je suis française ou non.

Mais, les choses se compliquent quand je passe devant une glace. Il y a une seconde de perplexité de me voir face à un reflet avec des traits et des caractéristiques physiques  malais. Cela fait un drôle d’effet croyez-moi.

Plus surprenant encore, quand je fais un séjour aux Philippines les philippins me prennent rarement pour une philippine. Je suis une étrangère dans mon pays.

C’est une situation amusante parfois.

On dit bien : chasser le naturel il revient au galop.

Encore faut-il pouvoir identifier le naturel.

Bonne journée à tous.

Discrimination

Cette fleur de cire tropicale a passé toute sa vie européenne à l'intérieur de ma maison

Cette fleur de cire tropicale a passé toute sa vie européenne à l’intérieur de ma maison

Discrimination : c’est un mot qui n’existe pas dans la Nature. Dans la nature le jugement de valeur est absent. Il n’y a en réalité pas cette distinction ou classification  que l’être humain tend systématiquement à faire.

 

Chez l’homme il est presque seconde nature de faire des classements, des catégories : petit vs grand, bon vs mauvais, beau vs laid, utile vs inutile.

 

Nous essayons de nous situer par rapport au monde qui nous entoure. Suis-je plus rapide que le cheval, plus intelligent que le dauphin, ou plus important que la rose ?

C’est un besoin de toujours se mesurer à quelqu’un ou à quelque chose.

 

Or, dans la nature ce genre de hiérarchisation n’existe pas.

 

Un jour je suis tombée par hasard sur un bout d’émission sur je ne sais plus quelle chaîne de télévision. Dans un document filmé en ultra rapide on pouvait voir tout d’abord  la roche mère de la Terre, sur laquelle s’est ensuite accumulé un tas de fientes. L’on voyait apparaître des mouches, et en un clin d’oeil se révélait  une couche de bonne terre humifère prête à recevoir ses premières boutures et ses premières graines. Ce serait le début de ce que l’on connaît à présent comme étant la planète bleue.

 

Pour revenir à notre propos de non-discrimination, je voudrais dire combien j’ai été impressionnée par le fait que la mouche que je chasse en saison avec dégoût est en réalité un être précieux. Elle a œuvré à fabriquer notre planète. Je suis maintenant certaine qu’un entomologiste ne dira pas d’une mouche qu’elle était moche. J’imagine même la mouche entendre à son égard : « T’as de beaux yeux ».

 

L’image que nous avons des rizières se décrit comme ces parfaites étendues de vert et d’eau entourés de  bas murets de glaise. En réalité ces rizières sont le parfait exemple de la discrimination humaine.

 

Dans ces rizières il n’existe qu’un type de graminée. Tout autre végétal est éliminé.  L’eau qui inonde ces rizières n’a pas pour but premier d’arroser le riz, mais de noyer les mauvaises herbes. En réalité, le riz n’est pas une plante aquatique comme les nénuphars ou les lotus, même s’il résiste bien à une immersion prolongée. Donc, le but principal de cette irrigation continue est le désherbage.

Les parcelles sont labourées après chaque récolte pour déraciner, détruire et décourager tout intrus. Autrement dit la culture du riz se fait sous un régime totalitaire. La myriade de têtes qui vit dans le sol est exterminée par ce dérangement programmé couplé de noyade systématique.

 

Je viens de vous décrire la culture discriminatoire,  mais néanmoins traditionnelle du riz. Je vais maintenant vous illustrer comment faire pousser du riz selon la méthode naturelle de Masanobu Fukuoka.

 

La raison d’être de ce blog est l’agriculture naturelle. Je l’ai dit dans le descriptif, et le nom de ce blog : Fukuoka en France indique très clairement ce que je veux exprimer et faire partager.

La culture naturelle du riz est ainsi décrite.  Elle exclue le labour, l’inondation systématique, les engrais chimiques, et les pesticides.

Les rizières ne sont pas labourées.

Le semis est direct. Il n’y a pas de transplantation comme dans le film Largo Winch II.

Les produits chimiques sont exclus.

L’inondation des parcelles n’est pas continue ou systématique.

Cette méthode n’est ni farfelue ni révolutionnaire. Elle est la façon la plus naturelle de faire pousser du riz avant que la discrimination n’ait atteint le cerveau des hommes. En français on décrit cette méthode comme l’agriculture de ne rien faire. Souvent il y a malentendu. Ce n’est pas une agriculture de fainéant.  C’est une agriculture de ne rien faire qui pourrait contrer le bon déroulement de la culture du riz tel que la Nature l’a déterminé.

Ainsi, donc, si la Nature laisse proliférer des araignées piqueuses et suceuses et que l’on laisse faire, ces araignées disparaissent comme elles sont venues grâce à l’arrivée d’autres insectes dont le rôle est de rétablir l’équilibre qui pourrait avoir été momentanément dérangée.

 

 

L’agriculture naturelle peut se  décrire de la façon suivante. Le riz pousse parce qu’il doit pousser. Ce n’est pas le semeur qui le fait pousser.

Il pousse lorsqu’il touche le sol et que la pluie l’arrose.

Nul besoin de labourer. Dans un sol vierge il poussera sans labour parce que c’est ce qu’il fait tout naturellement dans un sol non compacté par des labours répétés. Le labour est nécessaire uniquement dans un sol compacté par le labour. C’est un cercle vicieux. Nous créons le déséquilibre et nous crions cocorico quand enfin on réussit à trouver un remède au mal que l’on a fait.

Nul besoin de pesticides quand la Nature régule elle-même l’équilibre de ses populations végétales et animales.

 

 

Nul besoin de fertiliser une terre légère et riche en biodiversité. Les milliards de têtes qui habitent une poignée de terre font plus de travail que des chevaux vapeur. Les champignons microscopiques et les matières en décomposition rendent disponible tout ce qu’une plante nécessite pour prospérer. Une bonne terre n’a pas besoin de fertilisant chimique. Inutile de calculer le bon rapport N-P-K. Tout ce savoir agricole devient d’un coup inutile.

 

Nul besoin d’inonder. Cette pratique affaiblit le riz qui n’est pas de nature aquatique.

 

Vu sous cet angle la culture du riz paraît si simple.

 

Elle est simple, mais futés comme nous sommes nous avons réussi à nous la compliquer. Nous avons décortiqué la croissance d’un grain de riz, isolé les processus, et tenté de profité des données récoltées. J’imagine les chercheurs chacun dans son coin crier avec enthousiasme un eureka, mais personne n’a su ou voulu se donner la peine de regrouper ces connaissances. Même la politique agricole officielle tend à changer comme le vent. De toutes façons il est impossible de tirer une conclusion cohérente à partir de ces découvertes faites hors contexte et surgissant d’un laboratoire climatisé et clos.

 

Le labour est devenu indispensable dans un sol rendu poudreux qui se transforme en béton quand eau et chaleur se relaient. Quand des matières grossières sont broyées en fine poussière pour obtenir une granulométrie uniforme c’est également une sorte de discrimination. On recherche une finesse et exclut les éléments hors gabarit. Réduire le sol en poussière est une aberration. Pourtant c’est ce qui se pratique depuis logntemps.

 

La transplantation vise à exclure tout autre semis pour avoir une parcelle qui ne compte que du riz. C’est clairement de la discrimination.

 

Les engrais tentent à redonner aux sols épuisés leur vigueur de jeunesse.

Les pesticides veillent à ce qu’aucune population animale ne se pose sur le précieux riz.

 

Tous ces processus visent une chose : l’exclusion.  L’agriculteur doit se consacrer à la culture du riz et éliminer ce qui ne semble contribuer à ses efforts.  Par ce fait il a pris sur lui la responsabilité de déterminer ce qui est bon ou nuisible pour la pousse du riz. Le résultat se voit dans ces images de parcelles de vert et d’eau mentionnées plus haut.

Or ce n’est pas de son ressort, c’est du ressort de la Nature. C’est la Nature qui fait pousser son riz et elle régule les éléments ou acteurs de son travail. La Nature tend vers l’équilibre. Cet équilibre permet à tous de prospérer  et se contrebalancer, toujours dans la recherche de cet équilibre qui est la clé d’une récolte optimale.

 

Quid de Fukuoka en France ?

Mon mari et moi avons décidé d’aller vivre aux Philippines dans l’Asie du Sud Est.

Nous avons fait l’acquisition d’un terrain pour y installer une ferme naturelle, et d’une petite rizière pour la transformer en rizière naturelle.

Nous nous donnons quelques années pour y parvenir et j’ai bon espoir d’y arriver.

Dans le sous-continent Indien vivent des praticiens de la méthode Fukuoka. Je suis en contact avec eux, et suis consciente des difficultés de transformer une rizière traditionnelle  en rizière naturelle. Ce n’est pas une mince affaire aux Philippines. Heureusement que je connais des histoires de réussite en Inde. Masanobu Fukuoka a œuvré dans le climat subtropical de sa ferme au Japon et a montré la validité de sa méthode pendant près d’un demi-siècle.

Pour ma part je vais m’installer dans un pays tropical avec deux saisons au lieu de quatre.

Je dois dire que j’irai à tâton dans un premier temps, avec la confiance toutefois que c’est la nature qui cultive et que si je me laisse prendre par la main alors je ne peux que réussir.

Souhaitez-moi bonne chance.

 

Bonne journée à tous.

 

Je vais créer un nouveau blog, en anglais cette fois-ci, car c’est la langue utilisée aux Philippines. J’espère que vous irez y faire un tour de temps en temps. Beaucoup d’entre vous lit l’anglais, mais bien sûr il y a toujours google translate pour  aller à votre secours en cas de besoin.

 

 

 

 

Questions vitales

belle rizière à convertir en agriculture naturelle

belle rizière à convertir en agriculture naturelle

Quand je me trouve en bonne compagnie, ce qui arrive souvent, il est rare que les conversations aillent au-delà de la politique maussade et du temps médiocre qui règnent en France.

Nous n’abordons jamais les sujets qui demandent réflexion.

Un parfum exquis embaumait la place de la mairie un après-midi de marché dans ma petite ville de province et je me suis souvenu du fait que la justice fût autrefois rendue sous un tilleul, car cet arbre calmait les esprits. Or, combien des 60 millions de mes concitoyens ont connu cette odeur ?  Voilà une vraie question, plus importante à mes yeux que le déficit budgétaire qui est du ressort des politiques, ou la météo que nous subissons.

Les fleurs sentent bon certes, mais rappelons-nous des parfums des feuilles, des écorces, du bois coupé. Passer sous un figuier nous transporte tout de suite en vacances.  Des châtaignes bouillies avec deux feuilles de figuier pour parfumer leur eau de cuisson, des feuilles de pêcher pour fabriquer son vin de pêche, les senteurs de la forêt landaise perceptibles depuis l’autoroute atlantique, les genêts de l’autoroute méditerranéenne,  le buis et son odeur… je peux continuer, mais vous avez compris mon propos. Il y a des choses plus importantes dans la vie que le CAC40  ou une cote de popularité.

Tous ces ennuis qui nous pèsent, comme le taux du chômage, le pouvoir d’achat en hausse ou en baisse, les loyers et l’immobilier, ont été générés par nous-mêmes. Ce ne sont pas ces questions qui sont essentielles , par contre elles nous cachent l’essentiel. C’est le revers de la médaille qui accapare nos esprits alors que nous devrions plutôt regarder sa face. Il ne devrait pas exister de chômage ni de crise économique, il devrait exister un monde où tout le monde pourrait vivre sans manquer de nourriture ni d’abri. Je vois hélas des personnes qui ont dix villas et d’autres qui dorment dans une boîte en carton.

Dans un monde idéal, il suffirait de manger et de dormir.  La vie moderne m’oblige à me demander de surcroît si  ma nourriture est saine et si mon logement n’a pas d’émanations invisibles qui m’empoisonnent à chaque respiration. Je déplore le fait que par habitude cet état de choses anormal est tacitement reconnu comme étant normal.  Ce n’est ni normal ni irréversible.

Non je ne suis pas dans la poésie, je suis dans le cœur et l’essence de la vie. L’hiver approche et les pubs pour des médicaments contre les rhumes pullulent. Cela semble bienveillant, mais en réalité c’est pour faire croire que tout va bien. On met un médecin dans l’avion. Je cite Hippocrate qui prône que votre nourriture soit votre remède et votre remède votre nourriture. Or, ces pubs nous font oublier  les méthodes douteuses employées pour nous fournir une nourriture abondante. Elles magnifient les efforts de recherche de remèdes pour guérir  les maux liés à notre mauvaise alimentation. Nous mangeons de plus en plus, mais ne semblons pas jouir d’une meilleure santé .

Que faire pour inverser la tendance ? À chacun ses astuces. Pour ma part, ma famille fait attention à ce qui est servi  à table. Nous plantons un potager qui nous nourrit tout l’été durant. Quelle chance d’avoir un lopin de terre.  Il nous permet d’élever de la volaille en liberté. Nos génoises et flans sont bien jaunes, merci aux bons œufs.

Je passe beaucoup de temps à la lecture et à la réflexion. C’est un luxe et je le prends. Il est clair dans ma tête que la seule façon de nourrir durablement et efficacement les hommes passe par l’agriculture naturelle. Nos têtes pensantes diplômées des grandes écoles pourraient et devraient s’y pencher.

Encore faut-il savoir de quoi il s’agît. Qu’est-ce que l’agriculture naturelle ?  Pourquoi et en quoi est-elle l’opposée de l’agriculture conventionnelle et même de l’agriculture bio ?

Au  lieu de s’adonner à des disputes publiques incessantes, de caresser dans le bon sens du poil des financiers et des distributeurs d’argent en tout genre, nos dirigeants, affranchis de tout ces liens,  pourraient enfin se pencher librement sur notre avenir nutritionnel et sanitaire.

Bonne journée à tous.

Pourquoi ne pas tailler un fruitier

Une fois l’an, le premier jeudi d’août, se tient dans le village gascon de Barcelonne du Gers un vide grenier presque aussi connu que sa Foire agricole de janvier.

Au détour d’une ruelle, coincé entre le bout de muret en pierre et le trottoir, pousse un pêcher de vigne dont les branches frêles se courbaient sous le poids de ses fruits.

Un arbre similaire croît dans mon jardin. Il est issu d’un semis, il n’est pas greffé. Trois autres pêchers rouges ont poussé, eux aussi des semis direct de noyau.

Au début je ne donnais pas cher de la pousse et de la croissance des semis. Comme tout le monde je n’avais pas entièrement confiance en cette opération simple qui consiste à mettre un noyau en terre pour produire un arbre.

Il faut dire que je suis arrivée à tellement compliquer ma vie pour finir par douter des choses simples, que ce soit de leur capacité de me rendre un service exploitable ou alors de me rendre heureuse.

Mon éducation y est pour beaucoup.  Les choses vitales sont devenues complexes dès lors que la maîtresse a épingle un poster sur le mur derrière son bureau et a parlé de l’obligation de manger un représentant de chaque aliment écrit dans les colonnes nutritionnelles  (protéines, hydrates de carbone, fibres, vitamines et minéraux, etc.).  Les choses ont pris de l’ampleur  quand les média se sont mis à me menacer de surcharge pondérale, hypertension artérielle, carence  grave si je n’avale pas les cinq fruits et légumes quotidiens, sans oublier les aliments bio, les anti-oxydants, j’en passe…

Finalement ce qui est en ma petite jeunesse source de plaisir a fini par devenir source de doute ou pire encore, de réprimande.

C’est ainsi que je me suis mise à avoir peur de tout.

Je n’ai pas de diplôme de jardinier, donc je ne sais pas faire pousser des tomates.

Je n’ai pas de diplôme d’horticulteur, donc mes fruitiers ne donneront rien.

Je ne connais pas la vigne, donc je n’aurai jamais de raisins.

Pendant des années les passants pouvaient me voir accroupie dans mon jardin engagée dans une bataille perdante contre limaces, escargots, maladies, et mauvaises herbes.

Au cours de ces longues années j’ai rencontré des plantes très méchantes qui me déversaient des acides, me trouait la peau, ligotaient mes plantes plus fragiles, recouvraient mes troncs d’arbres.

Je me suis sentie esclave de cette Nature conquistador qui me subjuguait par son charme tout en me soumettant et m’accablant. Oui, le syndrome de Stockholm je connais.

Puis un jour j’ai rencontré un homme et ses enseignements. La méthode d’agriculture naturelle de Masanobu Fukuoka m’est apparue comme une fée qui se penche sur moi pour me sortir de ma torpeur, telle une Blanche Neige libérée de la méchante reine. La clarté de sa pensée quand je l’ai comprise fut tellement aveuglante que l’expérience a brisé une partie de mes chaînes psychologiques. Ce n’est pas possible, me disais-je. Un homme qui a posé dans un livre tout ce que je ressentais, mais ne pouvais exprimer.  Oh! le phénomène ne fût violent. C’était comme un souffle d’air frais un après-midi  mauvais, ou alors le goût désaltérant des premières framboises le jour des premiers chaleurs.

C’est pourquoi je vous parle aujourd’hui d’un sujet de saison, la taille des fruitiers.

Voici mon pêcher pris en début juillet.

un pêcher de vigne au mois de juillet

un pêcher de vigne au mois de juillet

Remarquez que chaque fruit et chaque feuille sont baignés par le soleil. L’arbre est aéré, non touffu,  et parfaitement étagé. Les branches ne se croisent pas. Les fruits de la base sont pour les bénéficiaires de courte taille, les fruits du milieu et du sommet sont à la bonne hauteur pour les enfants et les grandes personnes.

C’est une illustration de la nature dans toute sa perfection, programmée dans chaque graine pour sa vie entière, que ce soit une année, un siècle, où une éternité.

Bonne journée à tous.

 

 

Quelques vues

tomates 2014 courgettes 2014 jeunes concombres 2014 tomates et courgette 2014 le potager demi-sauvage 2014 DSC07026  DSC07022 nouveaux canards2014 nouveaux canards 2014 DSC07015

Bonjour à tous.

Voici quelques photos de mon jardin et ses récoltes timides.

Il y a trois jours nous avons fait l’acquisition de deux jeunes canards. Vous trouverez deux de leurs photos ci-dessus. Les plus anciens sont toujours aussi attachants.

Bonne journée.

 

Lotus blanc

 

Lotus blanc acquis chez le fournisseur du peintre impressioniste Claude Monet

Lotus blanc acquis chez le fournisseur du peintre impressionniste Claude Monet

Voici une des premières fleurs des lotus qui colonisent aujourd’hui le bassin qui fût creusé pour nos canards. Le pied-mère vient de Latour-Marliac près de Temple-sur-Lot dans le sudouest de la France, d’où Monet commandait ses nénuphars. Le nouveau propriétaire du lieu qui abrite une immense collection est un jeune Américain. Il perpétue avec passion la culture de plantes aquatiques– majoritairement des nénuphars, et accessoirement des lotus.

Vue du bassin. Au début il y avait un pied de lotus. C'était il y a trois ans.

Vue du bassin. Au début il y avait un pied de lotus. C’était il y a trois ans.

La salade est dans le caddy

Une émission populaire hertzienne s’impose comme but de trouver l’âme sœur d’un agriculteur ou d’une agricultrice en mal de vie de couple.  Je me félicite que le mariage pour tous ne soit pas encore passé par la, car cela compliquerait les recherches déjà ardues, et  susciterait une polémique qui risquerait de déclencher une troisième guerre.

J’exagère à peine.  Pire, nos incitateurs savent que ce genre de débat enflamme les passions et l’audimat, car les choses qui touchent des convictions personnelles ou des croyances sont de la dynamite.

Le Far West n’est pas loin quand la liberté des consciences est mise en rodéo.

Toutefois, ce n’est pas mon propos d’aujourd’hui, car mon cerveau a entamé des vacances et je n’ose troubler la quiétude de ses neurones.

La raison de cet article est plus simple : c’est une séquence dans cette fameuse émission hebdomadaire ou un agriculteur et ses deux prétendantes se font filmer dans un supermarché derrière un caddy presque vide en train d’acheter une laitue.

La scène a une qualité comique. Je voudrais le souligner…

 

Dans la même semaine je vois un reportage qui met en scène des vaches souffrant de mammite. Leur propriétaire désolé appuie et tire et se retrouve avec une sorte de caillé dans la paume de sa main. Il se plaint des prix des piqûres vétérinaires, tout en révélant sa chance de pouvoir faire des économies en achetant les médicaments lui-même pour piquer lui-même ses chères vaches.

La scène a une qualité tragique. Je voudrais aussi le souligner…

A force d’être bombardés d’infos matin, midi, et soir, nous avons perdu le recul et nous nous retrouvons dans une situation d’ingestions successives sans intermède ni digestion. Un long sommeil finit par nous ensevelir et voilà l’analyse et la réflexion en vacances elles aussi.

 

Un arbuste inconnu

un arbuste non-identifié

un arbuste non-identifié

arbre inconnu bis

Voici un arbuste acquis voilà trois ans. J’ai perdu son étiquette. Il a fleuri pour la première fois cette année. Ses fleurs sont blanches, en grappes, possédant un parfum presque imperceptible.

Une fois de plus la simplicité séduit.

Des pistolets ou du beurre

La vallée de l'Adour

La vallée de l’Adour

En attendant l’arrivée de ma copine permaculturiste Lilly pour une tasse de thé—elle est irlandaise—je regarde par la fenêtre et me demande en fin de compte comment tous ces hommes et ces femmes que je vois passer à pied ou en voiture devant ma fenêtre réagiraient si un jour le gouvernement leur déclarait que désormais il faudrait produire sa propre nourriture, car les grands magasins ont disparu de la surface de la terre.

 

Je vois mal comment nous dans nos campagnes  ou alors les parisiens dans leurs tours pourrions subir en silence.

Ce serait la Révolution Française bis.

Et la Bourse s’effondrerait.

Brrrr ce scénario catastrophe fait froid dans le dos.

 

Pourtant, la grande majorité d’habitants sur terre ne vivent pas comme nous, enfants gâtés de l’ère industrielle. Ils drainent moins de ressources, si, si je peux vous l’affirmer pour l’avoir vu de mes yeux. Leurs possessions tiendraient dans trois valises.

 

Ce n’est pas le moment de donner ni de recevoir des leçons mais, grâce aux même médias qui nous ont conduit à la surconsommation nous sommes informés des efforts petits ou grands des individus, des associations et des gouvernements  d’arrêter de maltraiter notre Terre. Il me reste une crainte : nos frères émergents aspirent à notre mode de vie.  Alors à nous de leur dire qu’il y a d’autres chemins que celui que nous avons pris, vers une vie d’abondance sans pillage ni gaspillage.

 

Bonne journée à tous.

Cornus

Voici une des plus étranges fleurs de mon jardin. Elle a quatre pétales. Ses fruits sont réputés comestibles…

Un cornouiller lent à pousser

Un cornouiller lent à pousser

RDV avec la lune

cerisier fastigié, poirier, arundo donaxQuand un jardinier éminent déclara sur les ondes d’une des plus grandes radios de France que la lune est une bonne excuse pour un mauvais jardinier, je l’ai cru.

Mais, c’était il y a deux ou trois ans…

Aujourd’hui, je sais qu’il n’avait pas raison.

La lune influence les marées, soit d’innombrables gouttes d’eau. Or, dans chaque végétal se trouvent des océans.

Les anciens savaient quand couper un arbre pour en faire du bois de construction ou d’ameublement. Théophraste indique même la phase de lune idéale pour le faire. Il n’a pas dû l’inventer, il a puisé dans le vaste dépositoire de connaissances de son époque.

Les chercheurs contemporains vont encore plus loin. Non seulement observent-ils les phases de lune, ils notent aussi la position de la lune dans le zodiac, tous deux ayant une influence sur toute vie sur Terre. (A ce propos, je vous invite à écouter les podcasts de France Culture du programme « Terre à terre », émission hebdomadaire du samedi matin traitant entre autres des sujets passionnants et insoupçonnés autour de notre Terre.)

Dénigrer ainsi pour un jardinier français la somme d’observations collectées depuis que l’homme regarde la lune ne serait-il pas une attitude plutôt cavalière ?

Il y a des milliers de choses que le cerveau lambda ne comprend pas. Pire encore, les savants qui consacrent leur vie à la poursuite du savoir au fur et à mesure qu’ils avancent dans leurs investigations se rendent compte de façon grandissante de leur ignorance. Etre ignorant n’est pas un gros mot, c’est un fait qui nous permet de nous émerveiller de notre planète bleue.

Bonne journée à tous.

 

 

L’arbre est tombé

La petite ville que j’habite s’est réveillée un jour sans son arbre.

Ce magnolia grandiflora planté à la Libération a disparu au petit matin pendant que nous dormions.  Comme le centre-ville est en travaux depuis aussi longtemps qu’il faut pour ne plus remarquer de démolitions ni d’arrachages, les villageois n’ont pas pu lui dire au revoir ou encore repose en paix. Aussitôt arraché aussitôt débarrassé. Ni feuilles ni débris sur la chaussée, juste une belle couche de goudron pour remplir le trou avant que les premiers lève-tôt ne terminent leur bol de café.

Je pense qu’il n’existe pas beaucoup de raisons valables pour justifier la mort d’un arbre.

Des mots entendus sur les ondes me restent en mémoire : le plus grand des arbres sera toujours plus grand que le plus grand des hommes et le plus vieux des arbres sera toujours plus vieux que le plus vieux des hommes…

Je n’ai pas beaucoup d’estime pour une personne qui s’attaque à un être vivant qui ne peut absolument pas se défendre. Encore moins si c’est fait pour agrandir la chaussée d’un mètre carré.  Quelle surface au sol occupe un magnolia de 59 ans ?  Pas plus qu’un européen de 59 ans. L’arracheur arrive à la retraite, mais le magnolia aurait pu encore vivre  très, très longtemps.

Le chanteur des êtres simples, Francis Cabrel, ne serait pas content. Il a composé une chanson sur un arbre, mais tout le monde ne l’a pas encore entendu.

 

Visite chez Josette, Au Jardin d’Eden

Je vous partage quelques photos de ma visite chez mon amie jardinière et gourmet Josette qui habite dans les Landes et qui possède un jardin classé « Extraordinaire ».  Il l’est.

Vous pouvez rendre visite à son blog que j’ai mis en lien. Bonne Journée à tous.

Chez Josette, au Jardin d'Eden Voici un coin de repos, le flamboyant érable semble hors saison.

Cognassier du Japon du Jardin d'Eden 2014 Le cognassier du Japon. On dirait des fleurs de renoncule.

Chez Josette fin mars 2014 Un autre aperçu de son jardin.

les hellebores du Jardin d'Eden mars 2014

Des hellébores. J’ai une prédilection pour des fleurs à couleur acidulée, trempées dans du vert.

 

Qui commande?

Ma dernière apparition dans ce blog date de quelques mois, non pas par manque d’actualité agricole, mais parce qu’entre temps je suis partie au Grand-duché du Luxembourg  à la rencontre d’amis de longue date, et ensuite en Asie du Sud Est. A l’heure où je vous écris je me trouve à 16,000 kilomètres de France, aux Philippines, sur une petite île parmi les 7 107 qui composent cet archipel. Ce n’est qu’à mon retour en janvier 2014 que je pourrais mettre cet article en ligne.

Vous voulez sûrement des nouvelles de mon potager naturel en France. Je vais vous parler principalement de mes tomates ici, car les cucurbitacées poussent sans problème de toutes façons où que l’on se trouve dans le monde arable. Les tomates sont différentes. Elles sont en général fragiles et gourmandes après des siècles de soins et manipulations humaines. J’en arrive à me demander s’il existe encore des tomates naturelles en ce troisième millénaire…Certainement que oui, mais elles ne doivent pas être immédiatement reconnaissables  en tant que telles.

Mes tomates (cœur de bœuf, de Crimée, portugaises) ont fructifiées longtemps après celles des voisins, au mois d’août. En début septembre elles mûrissaient tranquillement quand je suis partie passer un long week-end au Luxembourg alors que nourrissais l’espoir de les voir rougir… A mon retour toutes ont été brûlées par une soudaine et inattendue gelée. Le temps se montrera, hélas, toujours plus fort que mes meilleures projections…

La virée au Grand-duché m’a faite douter de la faisabilité de l’agriculture naturelle dans ce pays où les paysages les plus champêtres semblent dessinés au cordeau. Les pâturages ressemblent à des greens. Les potagers sont ordonnés comme des broderies. Comment, donc, faire accepter une esthétique d’apparent désordre qu’offre l’agriculture naturelle ?

Cette idée de désordre qui se produit quand on laisse libre cours à la nature est difficile à dissiper. Moi-même qui suis conquise par l’agriculture naturelle me suis rendu compte que très récemment  combien cet apparent désordre n’en est pas un.  C’était lors d’un voyage en Afrique du Sud. Les vastes plaines du Pilanesberg , immense parc de centaines d’hectares où vivent les grands mammifères, ouvert au public en safari photo, présentent une image harmonieuse et paisible que des paysagistes aguerris font payer des milliers de dollars à reproduire chez leurs meilleurs clients.

Cet après-midi je vous écris des Philippines sur une de ces îles encore partiellement sauvages où tout le monde n’a pas les moyens de s’acheter des engrais ni des produits chimiques. Ceux qui le peuvent obtiennent des meilleurs résultats, assez pour leur permettre d’acheter  des engrais pour une prochaine fois,. C’est un cercle vicieux. Existerait-il dans ce domaine un cercle vertueux ?

Si ces agriculteurs le font c’est évidemment dans l’idée d’améliorer leur récolte. Sauf que parfois le temps—encore le temps—leur joue un mauvais tour. Le super typhon Haiyan dont le nom local est Yolanda a rasé des villes entières au mois de novembre dernier. C’est au sens propre que certaines îles se retrouvent sans rien qui tienne debout, les cocotiers les plus flexibles ont été coupés en deux par la force des vagues et du vent. Même les bâtiments où la population a été mise à l’abri ont été détruits.

Lors du passage annoncé  de Yolanda j’étais sur une île qui  fut mise sous alerte maximum. Le gouvernement local a dit à la population de se mettre en lieu sûr, aux navires de passage et aux petits embarcations de se mettre à l’abri dans la baie, d’arrimer et d’attacher les habitations, d’élaguer les arbres, couper les feuilles de bananiers et de palmiers qui poseraient danger, de se préparer contre des coupures de courant prolongées, de faire des réserves comme en temps de guerre… Le typhon faisait plus de 300 kilomètres de diamètre et nous étions dans sa trajectoire prévisible.

Les forts vents sont arrivés en fin d’après-midi, mon mari et moi avions fait nos valises et mis nos papiers importants dans une enveloppe en plastique au cas où il faille s’exiler en lieu encore plus élevé.

Les vagues frappaient des heures durant contre le mur de front de mer à quelques dix mètres de notre chambre. Il ne pleuvait pas fort. Il ventait. Nous sommes restés un moment sur le balcon et nous avons vu les nuages s’éloigner vers le large, signe d’une forte dépression qui les gobait. Le plus épouvantable fût le bourdonnement du typhon, qui était par la même occasion un son rassurant, signe que le cyclone s’éloignait.  De Signal n° 4 nous sommes passées à Signal n° 3. Le lendemain fût le temps des constats. Plus de peur que de mal, que des dégâts matériels.

Le courant est revenu le surlendemain et là nous avons pu voir avec effroi à la télévision  la destruction totale des îles moins chanceuses que la nôtre…C’était impossible de rassurer la famille en France par manque de réseau téléphonique. Internet à ce jour n’est pas complètement rétabli. En cas de catastrophe les renforts techniques et matériels de tout l’archipel sont expédiés d’urgence vers les îles en détresse, ce qui est normal. Du coup notre île devait attendre.

Quid de l’agriculture naturelle aux Philippines et plus particulièrement dans une minuscule île comme celle où je me trouvais ?

Hmmm…

Le sol est peu profond, cette île est un bloc de marbre. Les jardiniers arrosent leurs plantations, même les orchidées sont bassinées malgré les 80% ou plus de taux d’humidité atmosphérique. Donc, il y a un grand besoin d’eau. Les rizières sont labourées et inondées.  L’on croit au pouvoir magique des engrais chimiques. Le plus surprenant et le plus désolant dans tout cela est qu’une grande partie des fruits et légumes est importée. Chaque bananier, papayer, et cocotier sur l’île est jalousement gardé sans que les gens pensent pour autant à multiplier ou semer ! J’exagère bien entendu, mais c’est un peuple qui attend la manne du ciel.

Depuis l’arrivée des espagnols  au 17ème siècle peu de choses ont changé sur l’île.  Cet immobilisme se révèle en fin de compte une bonne chose sur plusieurs points. Même aujourd’hui que les pharmacies  pullulent les habitants de l’île savent avec quelles plantes soigner les maux courants. Ils connaissent les plantes sauvages comestibles. Ils cuisinent encore au bois ou au charbon de bois, même dans les appartements en ville. En effet, l’électricité sur l’île vient des générateurs au gasoil. Ils savent accommoder  les fruits encore verts en plat de légumes, comme le jeune fruit du jacquier, du papayer, et le cœur de bananier qui est en fait le bout terminal de sa fleur.  Le cœur du cocotier qui est le cœur de son tronc est un délice rare et cher. Ils mangent des patates douces  de différentes couleurs et les jeunes feuilles de ces grimpantes,  le manioc,  ainsi que d’autres racines et tubéreux qui sont des plantes perpétuelles. C’est une agriculture naturelle et durable, qui ne demande pas une plantation annuelle et peu de soins. En cas de typhon ces plantes au ras du sol subissent peu de dommages, en tout cas moins que des légumes de plus grande taille. C’est une sorte de production bien adaptée au climat tropical et ses catastrophes.

Une chose me semble à améliorer : la quantité des cultures, car des conflits de voisinage proviennent souvent des problèmes de disponibilité des denrées. Sur cette île les gens attendent que la nature se ressème et que les fruits d’arbres spontanés mûrissent.  La nature a parfois besoin d’un coup de main…

Bonne journée à tous.

Nature et Internet

elle se trouve presque au raz du sol, fruit d'un gourmand. A la dégustation elle est excellente.

elle se trouve presque au raz du sol, fruit d’un gourmand. A la dégustation elle est excellente.

Internet est un formidable outil.

Je me demande comment je pourrais vivre sans lui maintenant que j’ai fait sa connaissance.

Ah…j’allais oublier…je prône l’agriculture simple et pure de ne rien faire contre la nature, c’est vrai.

Je remets en question le progrès pour le changement qui pousse à aller en avant même si ce n’est pas dans la bonne direction.

Je suis contre une société qui consomme tout ce qu’elle peut. Et si l’on utilisait juste ce qu’il faut ?  La traçabilité est un mot traitre qui cherche à protéger des consommateurs et le fait à moitié.  Une fois qu’on aura déterminé la source d’un bien encore faut-il savoir si cette source est honorable ou le procédé utilisé raisonnable. C’est un peu comme les chemises à crocodile (que j’aime bien) made in France.  Le coton dont elles sont faites ne seront jamais made in France.  Made in France n’est pas une garantie de bonne pratique. Pour rester dans le domaine des fruits récoltés en France, il y en a qui sont cueillis verts pour pouvoir mieux supporter la distribution. Ils sont cueillis, en France, verts. La priorité cesse d’être la qualité ou la fraîcheur, mais les besoins de la grande distribution. Le bien du consommateur se retrouve en deuxième plan. Qu’est-ce qui occupe le premier plan ?

Il y a des entités bien-pensantes comme ce cabinet d’architecture qui œuvre dans certaines grandes villes désireuses de réconcilier proximité agricole et vie urbaine.  Il bâtît ou conçoit des fermes de vie assez jolies en pleine ville, afin de produire de la nourriture tout près du lieu de travail et d’habitation des citadins.  Il réfléchit à des systèmes hybrides où le supermarché est directement approvisionné par ses légumes cultivés dans le même bâtiment. L’architecture de ces bâtiments a une certaine esthétique.

Quelque chose me gêne dans tout cela. L’intention est bonne, mais les cornes du taureau sont prises à l’envers. J’aurais plutôt incité les habitants entassés dans leur cité et les entreprises agglomérées dans un endroit restreint à desserrer les rangs et recoloniser nos belles campagnes. Le stress occasionné par les bruits nombreux et incessants émanant d’activités humaines biologiques et mécano-industrielles  diminuerait de ce fait et d’un coup de baguette magique améliorerait d’un cran la qualité de vie de quelques hommes, femmes, et enfants, pour commencer. Je n’aime pas le mot moderne stress, mais je dois reconnaître sa réalité, c’est le cancer qui ronge notre société. Nous sommes obligés de vivre, dormir, travailler avec cette affliction que nous essayons, paradoxalement, d’enrayer en pratiquant un sport où autre activité—pour déstresser– qui remplit encore plus notre emploi du temps déjà surchargée.

Le bruit nous mène tout droit au son. Autant le bruit peut incommoder autant le manque de sons peut gêner. Imaginer la campagne sans le bruissement des feuilles au passage d’une brise ou une nuée d’oiseaux, ou les cris des animaux et des insectes dans les hautes herbes ou les bosquets. Ce serait à faire hisser les cheveux d’évoluer dans un monde sans les sonorités dont on ne fait même plus attention.

Je me sers de cet outil qu’est Internet pour vous partager mes inquiétudes en espérant ne pas être alarmiste.  J’ai commencé à me poser ces questions de fond le jour où j’ai eu moins de stress et plus de temps pour réfléchir et prendre la peine d’observer et d’attendre patiemment en suspendant cet envie d’ordinaire irrépressible de déranger la nature tel un enfant qui arracherait chaque jour une graine pour voir si elle a poussé.

Penser et faire

Au cours d’un trajet ordinaire en voiture où j’ai eu comme unique passagère une amie octogénaire volubile, j’ai entendu une remarque de sa part. Oh que c’est beau ces champs fraichement labourés, dit-elle.

J’ai attendu longtemps avant de lui parler de l’agriculture naturelle sans labour ni glyphosate.  Elle ne comprendra pas, me suis-je dit.

Un an plus tard s’est présentée l’occasion de lui montrer mon humble potager naturel avec de l’herbe entre les rangs et des tomates en pleine enchevêtrement, car non débarrassées des gourmands.

Le champ de bataille des pommes de terre est resté en pagaille après l’arrachage des dernières patates.

Mon amie a passé le portail de ce carré de verdure. Je lui ai fait la visite.

Il est possible de se trouver surpris ou étonné à tout âge et les âmes sincères acceptent volontiers d’ouvrir leur esprit.

Ce fût le cas de mon amie.  Face à ce potager absolument non-conventionnel elle a laissé une porte ouverte, me semble-t-il, à une conception révolutionnaire qui bouscule ses idées de toujours. Des tomates de belle taille et en bonne santé ont eu raison de ses doutes.  Des gourmands qui portent des fruits, qui trainent sur le sol et profitent de ce contact pour sortir des racines à chaque endroit où la tige rencontre la terre ont montré une alternative à la pratique recommandée de couper sans pitié chaque gourmand qui  porte apparemment bien son nom.

Ici mon propos secondaire est de parler de l’agriculture naturelle qui va bien au-delà de la tendance bio qui n’est pas une idée claire tellement l’appellation est imprécise.  Je ne trouve pas normal qu’il y ait besoin des normes et des agréments pour pouvoir revendiquer le titre de producteur bio.  Un producteur bio est bio que quelqu’un contrôle ses pratiques ou non.  On est bio dans l’âme ou on ne l’est pas.

Quant à mon propos primaire il va bien au-delà des légumes et des céréales.

J’aime l’intemporel, le fait que ce qui est valable aujourd’hui l’est encore demain. Je n’aime pas beaucoup les dictats. Une simple illustration tirée de la vie quotidienne concerne le code de la route. Si tout le monde respectait son voisin automobiliste il y aurait nul besoin de limitations de vitesse fort génératrices de procès-verbaux.  Il fût en temps où la vitesse en agglomération était fixée à 60 kilomètres heure et l’âge légal de la retraite à 60 ans. Aujourd’hui c’est sens dessus dessous et la valse n’est pas finie.

Un litre et demi d’eau par jour fût recommandé et je m’étais toujours demandé quel sort est réservé à un membre de tribu de désert : serait-il condamné à avoir une mauvaise santé ? Quant aux cinq fruits et légumes quotidiens : quid de l’esquimau et sa couche de glace permanente ?  Je pars du principe que si ce n’est pas applicable à tout le monde alors ce n’est pas matière à réglementation ou recommandation .

Vous l’auriez compris, je me fie au bon sens. Toutefois je comprends qu’une société a recours à des règles pour rappeler la bonne conduite entre êtres humains, flore, faune, et environnement.

J’ai cessé d’estimer  les pactes agricoles, les lobbies agricoles, les écoles d’agriculture qui perpétuent des méthodes sans remise en question, les manuels qui font office de bible le jour où j’ai aperçu un conflit entre agriculture et nourriture.  Un agriculteur qui casse des centaines de millier d’œufs ou qui déverse des centaines de milliers de litres de lait dans les champs en signe de protestation serait-il un agriculteur ?  Remplirait-il la noble occupation de nourrir le monde ?

Je ne critique aucunement l’envie légitime de profitabilité. Seulement je désirerais idéalement qu’une distinction soit faite entre agriculteur et agro-commerçant.  C’est du domaine du rêve bien sûr, car les idées reçues sont ancrés et durable et que personne ne pourrait s’opposer  contre le désir de vivre confortablement, le seul moyen pour y parvenir étant de générer des bénéfices.

Je recommande cependant une remise en question de notre savoir.  Que savons-nous exactement de notre environnement et de notre alimentation ? Voilà, pour éviter de trop m’éparpiller dans ma réflexion  je  commencerais par mettre sur la balance tous ce que je pense savoir sur ces deux sujets. Que sais-je de mon environnement et de l’environnement ? Quel sont mes vrais besoins alimentaires pour me maintenir en vie et en bonne santé ? Il y a matière à réflexion.  Penser et faire.

Gazpacho

image

Voici les ingrédients pour faire une soupe de légumes froide.  Ils viennent de mon potager naturel, hormis l’ail et l’oignon que je n’ai pas essayé de faire pousser.

J’ai passé les légumes à la centrifugeuse.  Ensuite je les mélange et assaisonne.  C’est une autre façon de manger des crudités. Elle est agréable et rafraîchissante.

Bon appétit.

 

Reine-Claude

Quatre kilos de fruits récoltés d’un seul arbre cet après-midi . Le prunier fut privé de soins, vivant à l’état sauvage ces deux dernières années de mon expérimentation de la méthode Fukuoka.

Reine-claude août 2013

Le potager en ce fin d’août

Voici quelques photos prises ce matin dans mon potager.  Pour mémoire, ce potager naturel n’est pas systématiquement arrosé, la dernière fois date d’un mois pendant la courte période de canicule.DSC05529DSC05536DSC05531DSC05537DSC05526

Il ne reçoit aucun traitement chimique ni biologique. C’est un potager naturel et non pas un potager bio. Je ne fait pas du bio, je fais du naturel. Mes poules y sont lâchées pendant la morte saison, elles fument le sol et avalent quelques limaces en passant. L’herbe est coupée de temps en temps, afin de fournir du mulch. Les ronces ont tendance à vouloir tout envahir alors je les coupe ou les arrache.

Voici une vue partielle. Il semble presque invraisemblable que des légumes puissent naître au milieu d’un tel chaos!

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